Aïmen Laïhem

Ce triptyque-collage composé de trois clichés juxtaposés montrant le tissu urbain en amphithéâtre de la Casbah d’Alger vue depuis le toit d’une des bâtisses de la partie basse de la médina. Cette composition reflète selon moi la passionnante histoire de la cité, sa richesse culturelle, ainsi que le brassage de populations qui a pu y vivre.

On peut y voir, au premier plan, la superposition de plusieurs éléments architecturaux, témoins des différentes époques composant la riche stratification de la Casbah d’Alger ;

A droite : les minarets de la mosquée Ketchaoua, dont le nom est d’origine turc, qui était, du temps de la colonisation française, l’église Saint-Philippe, ainsi qu’une parabole satellite offrant une liaison avec l’occident et l’orient.

Au centre : un immeuble de rapport datant de la période coloniale à l’avant d’une ribambelle de constructions vernaculaires de la Casbah qui se développent en gradins sur le versant de la colline et dont l’état rachitique indique le laisser-aller général de l’état de conservation de la médina.

A gauche : la coupole à huit pans de la mosquée Ibn Fares, anciennement grande synagogue d’Alger et à laquelle un minaret a été ajouté lors de sa transformation en mosquée, même si les algérois et les casbaouis continuent l’appeler « djamâa lihoud » ou « mosquée des juifs ».

Le tout est couronné, en arrière-plan, par une allégorie de la lente descente aux enfers que vit actuellement la médina, avec la reprise d’une partie du tableau de William Bouguereau « Egalité devant la mort », représentant un ange funèbre venant recouvrir la Casbah d’Alger (dont la personnification est illustrée par un bout de tête qui sort des bâtisses dans la partie droite de la composition) d’un linceul mortuaire comme pour sonner le glas de sa triste et inévitable fin si rien n’est fait pour la sauver.